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Interview d’Orianne Champon : La transformation doit intégrer les métiers du Chiffre

Orianne Champon, fondatrice de l’Odyssée du Colibri, décrit sa vision de la durabilité et des enjeux de transformation pour les métiers du Chiffre. Une odyssée extraordinaire !

Quelle est la mission de l’Odyssée du Colibri ?

J’ai créé l’Odyssée du Colibri pour poursuivre d’une autre manière ce que j’avais déjà engagé comme cheminement depuis plus de 15 ans. Après une école de commerce, une carrière en audit-conseil pendant 15 ans, et la création d’un cabinet d’expertise-comptable, cette nouvelle étape de mon parcours professionnel, me permet d’accompagner l’Humain dans les organisations pour faciliter les transformations.  Au sein de l’Odyssée du Colibri, je porte ma vision qui est qu’en intégrant les enjeux de durabilité dans le monde du Chiffre, il est possible de transformer la société vers un monde plus respectueux de l’Humain et de la planète.

La mission de l’Odyssée du Colibri est de proposer un cheminement individuel et collectif issu d’un besoin de transformation de l’organisation. 

Nous invitons les voyageurs à oser se transformer sur le terrain par un processus créatif pour explorer les possibles, expérimenter, questionner les certitudes, enrichir son champ de conscience dans un cadre d’apprentissage.

Au travers de nos accompagnements au sein des métiers du Chiffre, notre rôle est d’éveiller les consciences pour aller plus loin dans la durabilité. 

Nous prenons les professionnels là où ils en sont pour les amener là où ils souhaitent aller.

Comment définirais-tu l’expert-comptable de demain ?

Les experts-comptables de demain exerceront beaucoup de métiers différents, et chacun d’eux intégrera la durabilité pour faire son travail différemment. Aujourd’hui, le métier d’expert-comptable, tel qu’il est exercé en cabinet, est un métier technique, très hiérarchique centré sur le résultat et la valorisation du capital technique. C’est une approche très linéaire.

L’expert-comptable de demain sera centré sur la valorisation du capital humain, c’est-à-dire l’ensemble des compétences, connaissances et expériences accumulées entre les individus au service d’une prestation de qualité pour répondre aux besoins des clients. C’est une approche plus systémique. 

Actuellement, les métiers du Chiffre sont en phase de transition, l’environnement n’est plus stable et acquis. Ils font face à de grands bouleversements comme la digitalisation, l’attractivité, le changement du monde du travail et de ses pratiques, ce qui est aussi vrai dans de nombreux secteurs d’activité. A la différence de certains métiers, habitués à travailler dans des modèles incertains, les métiers du chiffre ont été nourris par la norme et la régulation. 

La prise de conscience que je propose permet à l’expert-comptable de clarifier cette phase de transition et l’environnement qui évolue pour l’aider à projeter un autre possible en tant que professionnel du Chiffre. La vision du métier change la façon dont on le fait.

Comment définis-tu la durabilité ?

C’est la prise en compte des enjeux environnementaux et sociétaux pour construire un système plus durable : durable en temps, en moyens et en ressources. Cela correspond à ce que l’on appelle le développement durable, avec une temporalité longue au-delà de la propre temporalité des individus.

Prendre en compte la durabilité, c’est aussi comprendre que l’entreprise évolue dans un écosystème où tout est lié : la façon dont les ressources planétaires et humaines sont abordées et utilisées dans l’organisation. 

L’entreprise, le cabinet, sont co-responsables du système planétaire, c’est pour cela que l’on déploie des stratégies RSE en interne. La RSE se conçoit à l’échelle de l’organisation, comme une contribution aux enjeux de développement durable, grâce à la prise en compte des effets qu’elle exerce sur ses parties prenantes.

Je pense aussi que l’entreprise œuvre pour sa co-responsabilité et non pour la durabilité en soi. Pour cela, l’intention est importante, la volonté profonde du dirigeant de faire sa part, l’éthique qu’il souhaite intégrer au projet d’entreprise, la gouvernance en y intégrant les parties prenantes et l’impact sur ces dernières dans la prise de décision. Tout cela apporte de la nuance.

La durabilité est à mes yeux une façon de questionner comment l’on souhaite partager la valeur, les valeurs. Le juste partage de la valeur n’existe pas sans reconnaissance du capital humain, qui est lui-même au service de la valeur de l’entreprise. 

En quoi la prise de conscience des enjeux de durabilité permet la transformation des organisations ?

Dans un monde qui va de plus en plus vite avec de plus en plus d’enjeux à traiter, la transformation est à mes yeux une question de survie. La prise en compte de la durabilité permet de comprendre que l’on est dans un système interdépendant, elle détermine les risques, les opportunités et les impacts liés à l’activité.

La durabilité oblige quelque part à entrer en relation avec les “autres”, à élargir son angle de vue pour mieux anticiper et avoir une activité pérenne et alignée dans le système : il est nécessaire de transformer la structure pour diminuer les impacts négatifs et augmenter les impacts positifs dans un juste équilibre pour l’entreprise et la société. Cet équilibre engendre une performance globale et durable.

Le chemin de la durabilité amène à faire des choix dans l’organisation en tant que dirigeant : choix éthiques, de gouvernance, de pilotage et de transformation du modèle d’affaires pour réduire les impacts. Et c’est cette démarche qui crée la transformation.

Sans oublier aussi que le monde vivant est paradoxal, l’histoire collectivement racontée avec l’émergence des nouvelles technologies est une accélération du processus. Il convient d’aller vite, plus vite, de prendre des décisions plus rapidement, en “pensant” ce que l’autre imagine. Comment dans ce cas aller vers la durabilité ?

Pour une performance durable des entreprises, j’invite les dirigeants de cabinet à trouver l’équilibre entre “la tête, le cœur et le corps”, un équilibre certes fragile car il nécessite un alignement cohérent entre la vision du dirigeant, la prise de décision effective, la mise en action et les résultats constatés. Pour autant, ce n’est pas une utopie car quand il y a alignement, il y a performance. Plus l’entreprise (et ses parties prenantes : clients, fournisseurs, salariés, dirigeants, associés) a conscience de son désalignement et cherche à s’améliorer, s’ajuster, se réaligner, plus elle créera une performance durable, globale.

C’est aussi la démarche in fine de l’Odyssée du Colibri : nous apprenons avec nos clients, nos partenaires, notre écosystème. Nous n’appliquons pas de recette magique ni de méthode particulière, nous proposons un processus à construire ensemble pour permettre à nos clients la plus belle des réussites. 

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